Inscription Connexion

Le système éducatif Français

Impact du système éducatif sur l’évolution d’un élève

Il serait on ne peut plus prétentieux de parler du système éducatif Français en si peu de lignes compte tenu de son histoire, de sa grandeur et de sa zone de couverture. Nous essayerons seulement de donner quelques indications afin introduire la notion de difficulté scolaire qui nous intéresse. Cependant, bien qu'ayant quelques soucis structuraux et parfois structurels comme tout système conçu par l'homme d'ailleurs, il demeure l'un des meilleurs systèmes éducatifs au monde que beaucoup ailleurs envie aux Français.

Contrairement aux idées reçues, l’école, en abandonnant le supplice corporel, ne peut pas du tout être à la base des difficultés d’un enfant. Un élève n’est rien qu’un apprenti qui se soumet aux directives et enseignements d’un maître. La difficulté d’un élève dans l’apprentissage des fondamentaux ne peut pas résulter de la façon d’enseigner mais du suivi de l’élève. Que l'enseignement soit frontal ou différencié , L’enseignant est soumis aux règles d’un système éducatif, et sous la direction d’un responsable d’école. Il applique un programme bien établi et organisé. La difficulté que peut rencontrer un élève par rapport à l’enseignement reçu ne peut se constater que dans son avancée aux stades supérieurs de ses études. Cette difficulté ne peut résulter que du programme qu’il a reçu. Cela dit, considérons quelques exemples pour illustrer ce dernier propos :

  • Un élève qui n’a pas appris la résolution d’une équation au collège, peut-il traiter un problème de mécanique classique au lycée ?
  • Un élève qui n’a pas appris l’anatomie et la physiologie du corps humain au collège et au lycée, pourra-t-il rester sans difficulté en première année de médecine ?
  • Un élève qui n’a pas appris les opérations de fraction à l’école primaire aura des difficultés à maîtriser la "règle de trois" au collège, donc aura de grosses difficultés dans la détermination des valeurs numériques des grandeurs physiques (volume, masse, concentration…) au lycée ;
  • Un élève qui n’a pas appris l’étude de texte au collège aura forcément des difficultés à commenter un thème en philosophie, littérature ou en histoire, au lycée.

Par ailleurs, l’élève, très tôt, se pose souvent la question de l’importance des fondamentaux dans sa carrière. Si le système éducatif ne se conforme pas à lui donner des réponses rapides, il prendra son apprentissage pour une pénitence, et donc un simple fardeau dont il n’aura guère jouissance. La réponse à ses questions doit lui ramener à comprendre qu’aller à l’école ne veut pas forcément dire faire des études (ou études supérieures) mais apprendre à s’insérer ou s’adapter à un mode de vie ou une culture. En d’autres termes, il doit comprendre :

  • Qu’on n’apprend pas à lire uniquement pour lire des contes et fables, mais que l’apprentissage de la lecture doit lui permettre de lire une facture, un bulletin de salaire, un menu au restaurant, une pancarte publicitaire, des sous-titres des films au cinéma, un journal d’information, des articles de loi, un acte de naissance, un contrat de travail…
  • Qu’on n’apprend pas à faire des calculs juste pour faire du "un plus un", ou du "deux fois deux", mais pour savoir si le compte de sa monnaie rendue par le traiteur du coin est bon, pour calculer ses dépenses du mois afin de ne pas être à découvert bancaire, pour vérifier si ses heures supplémentaires ont correctement été incluses dans sa paie du mois par son employeur…
  • Qu’on n’apprend pas la grammaire juste pour connaître le "triptyque grammatical sujet-verbe-complément", mais qu’elle lui permettra de mieux construire les phrases à l’écrit comme au parler ; et, donc bien dialoguer avec ses interlocuteurs, et mieux échanger.

Un budget important pour promouvoir l’égalité des chances

La République Française, en introduisant dans l’article Premier de sa Constitution le terme « SOCIAL », est l’un des rares pays au monde où l’on offre la chance à tout citoyen d’étudier, de se soigner et de se loger sans distinction aucune, compte tenu de ses moyens, même les plus minimes. C’est ainsi que, le 16 juin 1881 à travers les lois Jules Ferry (1832 – 1893), elle institua la gratuité de l’école sous la Troisième République. Cette série de lois conduisit la même époque à rendre l’école obligatoire pour les 6 – 13 ans (1882) [1]. Face à l’obligation et la gratuité de l’école, la société française est confrontée à un important coût budgétaire pour supporter le système éducatif. Dans une étude publiée en 2008, la part des finances publiques sur l’enseignement primaire et secondaire s’élèverait à 92,3 % en France, légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (+1,3 point). Elle est moindre dans d’autres pays, tels le Royaume-Uni ou la Corée du Sud, où elle compte moins de 80 % [2]. En 2018, le budget de l’éducation et l’enseignement supérieur (universités et recherche scientifique) a été voté à 78,7 milliards d’euros (51,3 milliards pour le premier et 27,4 milliards pour le second) [3]. Des montants qui ne suffisent pourtant pas pour résorber les problèmes du système éducatif et le rendre conforme aux principes et valeurs de cette société. Mais en même temps, la France ne peut pas aller bien au-delà compte-tenu de la rigueur budgétaire imposée par Bruxelles. Vitrine de l’Europe, avec l’Allemagne, elle doit en effet jouer le rôle de bon élève.

La France, cinquième économie mondiale, avec ce budget colossal alloué à l’éducation, est très souvent mal classée dans les classements internationaux des performances scolaires. Paru en décembre 2019, la France est classée 23ème au dernier classement PISA 2018. Avec un système éducatif moderne et sophistiqué, elle n’arrive pas à faire mieux dans la formation de ses élites. On doit alors se poser la question sur l’enseignement des « fondamentaux » à la base ; car une bâtisse sans soubassement solide ne pourra résister, même à la plus faible des tempêtes. Depuis belle lurette, des réformes sont souvent portées afin d’améliorer l’enseignement des fondamentaux, appelés en France, Socle commun de connaissances, de compétences et de culture mais en vain ; l’enseignement français ne décolle toujours pas. Alors ne faut-il pas maintenant réformer le système pédagogique ?

En 2004, dans l’optique de venir en aide aux élèves qui ont des difficultés à se fondre dans le système, on introduisit dans la loi la directive PPRE (article L311-3-1 du code de l’éducation). Le problème avec cette réforme, c’est qu’elle oblige les chefs d’établissement à puiser dans leurs ressources propres en personnel pour mettre en pratique le programme. C’est pourquoi, depuis son introduction, la mesure n’arrive pas à donner les résultats escomptés, alors que les établissements manquent très souvent d’effectifs, surtout que ce groupe d’élèves se trouvent souvent dans les zones sensibles (ZEP ou REP) où les professionnels de l’enseignement ne se bousculent pas pour répondre présent. Alors, ne faut-il pas penser désormais à confier ces jeunes à des institutions n’appartenant pas au système éducatif national, et qui travailleront conjointement avec les partenaires de terrains (enseignants et parents d’élèves) pour trouver des solutions pratiques à leurs difficultés ?

Politique infructueuse de la création des PRE

En réponse à la cette problèmatique, dans la dynamique de promouvoir le principe républicain qu’est l’«égalité des chances », et s’inscrivant dans une logique de péréquation, malgré des injections financières, à travers la création des PRE (programme de réussite éducative) – loi n°2005-32 du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale, article L1441-1à2 du code général des collectivités territoriales, et aussi par l’aménagement de la dotation politique de la ville (DPV) – créée par l’article 172 de la loi de finance en 2009, article L2334-40 du code général des collectivités territoriales , les gouvernements successifs continuent de mener la même politique qui peine à porter des fruits. Pendant que la loi préconisait que seuls les établissements scolaires devraient intervenir dans la prise en charge de la difficulté scolaire, ces aménagements de la loi devraient être à point nommé car ils devraient permettre d’alléger le fardeau des établissements enjoints légalement de mettre en place des dispositifs tels que le RASED, le PPRE, le PAP etc. Surtout que ces établissements présentent un déficit de personnel ; déficit provenant d'ailleurs des représentations que se font la majeure partie des Français sur ces "zones déchues de la République".

Les insuffisances des PRE sont très certainement le fait d’un problème d’organisation fondamentale car n’incluant pas dans leurs programmes de synergie d’action entre les différents acteurs sociaux et professionnels, en l’occurrence l’éducation nationale (établissements scolaires et enseignants), ainsi que les parents d’élèves tel que le préconise la loi (article L311-3-1 et L311-7 du code de l’éducation ). De ce fait, en créant les PRE ou parfois les IRE (internat de réussite éducative), des structures externes, par l’aménagement de la loi introduite au début des années 2000, cela devrait potentiellement, être un moteur pour résorber la difficulté scolaire comme l’ont fait certains pays scandinaves (Norvège, Finlande, etc.) mais le manque de coordination de ces instances citées en est un frein. Par ailleurs, les montants alloués, en moyenne 175 700 € par ans et par PRE (RA ONPV 2018), ne permettent pas de porter un programme de réussite éducative surtout que ces dispositifs sont strictement réservés aux enfants ayant de sérieuses difficultés scolaires d’ordre de concentration et cognitif ; et que chaque PRE doit potentiellement couvrir en moyenne 18 établissements classés REP ou REP+ avec près de 25% des élèves en grande difficulté scolaire. La preuve en est que depuis sa création, aucun PRE ne peut se targuer d’affirmer qu’un seul établissement dans sa zone d’intervention s’est débarrassé de l’"estampillation ou du label" REP ou de REP+ à REP ; sauf que malheureusement chaque année de nouveaux établissements ne font que leurs entrées dans le réseau.