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La différenciation selon Phillipe PERRENOUD

Philippe Perrenoud

Philippe Perrenoud est un sociologue suisse né en 1944. Titulaire d’un doctorat en sociologie et anthropologie, il fut chargé de cours à l’Université de Genève de 1984 à 2009. Il est professeur honoraire depuis octobre 2009. Il co-anime le Laboratoire de recherche sur l'innovation en formation et en éducation (LIFE)

Ses travaux sur la « fabrication des inégalités et l’échec scolaire l’ont conduit à avoir un œil avisé sur l’école d’aujourd’hui. Parmi les sociologues qui s’intéressent à la pédagogie de notre monde actuel, il est l’un des plus actifs, du moins pour les pays francophones. C’est pourquoi d’ailleurs que nous l’avons choisi comme baromètre pour poser les jalons de notre fonctionnement. La majeure partie de son travail est fondé la différenciation, qu’il appelle « Pédagogie Différenciée »; bien que nous préférons le terme de «Différenciation Pédagogique » dont nous pensons mieux adapté à notre méthode d’action. Bien que ses travaux pussent paraître un peu datés, il décrit avec municie la situation l’école de notre monde d’aujourd’hui. Depuis, les choses ont peu évolué malgré la bonne volonté politique des pouvoirs publics.

Parmi ses publications, on trouve entre autres :

  • La pédagogie à l'école des différences. Fragments d'une sociologie de l'échec. Paris, ESF Editeur, 1995 ;
  • Enseigner : agir dans l'urgence, décider dans l'incertitude. Savoirs et compétences dans un métier complexe. Paris, ESF Editeur, 1996 ;
  • Construire des compétences dès l'école. Paris, ESF Editeur, 1997 l’école ;
  • Pédagogie différenciée : des intentions à l'action. Paris, ESF Editeur, 1997 ;
  • Dix nouvelles compétences pour enseigner. Invitation au voyage. Paris, ESF Editeur, 1999 ;
  • Quand l’école prétend préparer à la vie… Des compétences ou d’autres savoirs ? Paris, ESF Editeur, 2011 ;
  • L’organisation du travail, clé de toute pédagogie différenciée. Paris, ESF Editeur, 2012 ;

Sans oublier plusieurs publications universitaires dont on se gardera de citer ici.

Parmi ses publications celle qui a le plus attirée notre attention est Pédagogie différenciée : des intentions à l’action. S’inspirant de plusieurs travaux antérieurs, il dépeint la situation de l’école avec un œil mieux avisé sur l’éducation de nos jours. Pour paraphraser, dans l’introduction de son livre, il définit la « différenciation de l’enseignement comme le fait de faire en sorte que chaque apprenant se trouve, aussi souvent que possible, dans des situations d’apprentissage fécondes pour lui. Il soutient que pour réaliser cette idée, il faut purement et simplement refonder l’école. Pour lui, adapter l’action pédagogique à l’apprenant n’est ni renoncer à l’instruire ni rabattre sur les objectifs essentiels : différencier c’est donc lutter à la fois pour que les inégalités devant l’école s’atténuent et pour que le niveau monte.

Pour lui, aucun pédagogue avisé ne peut rester insensible à l’ « échec scolaire ». C’est pourquoi ils plaident tous pour un enseignement individualisé ou une pédagogie différenciée. Développer une « éducation sur mesure », selon la formule de Claparède [1973], est le rêve de tous ceux qui trouvent absurde d’enseigner la même chose au même moment, avec les mêmes méthodes, à des élèves très différents. Le souci d’ajuster l’enseignement, aux caractéristiques individuelles ne naît pas seulement du respect des personnes et du bon sens pédagogique. Il participe d’une exigence d’égalité : l’indifférence aux différences transforme les inégalités initiales devant la culture en inégalités d’apprentissage, puis de réussite scolaire, comme l’a montré Pierre Bourdieu [1996]. Il suffit d’ignorer les différences entre élèves pour que le même enseignement :

  • engendre la réussite de ceux qui disposent du capital culturel et linguistique, des codes, du niveau de développement, des attitudes, des intérêts et des appuis qui permettent de tirer le meilleur parti des cours et de faire bonne figure à l’examen ;
  • provoque, en miroir, l’échec, de ceux qui ne disposent pas de ces ressources et se persuadent qu’ils sont incapables d’apprendre, que leur échec est le signe de leur insuffisance personnelle plutôt que de l’inadéquation de l’école.

D’après son observation, la « fabrication des inégalités et de l’échec » n’a pas changé depuis les années soixante. La «différenciation des traitements pédagogiques» est très variable ; elle reste parfois très faible. Pour lui l’«enseignement frontal» est loin d’avoir disparu des classes, surtout au second degré. Plus de vingt ans après, nous constatons que cela n’a pas changé d’un pas.

Il se pose la question de comment expliquer la persistance d’une pédagogie qui demeure indifférente aux différences ou qui, dans le meilleur des cas, n’en tient compte que marginalement, dans des proportions dérisoires au regard de l’ampleur des écarts. Cette relative inertie ne signifie pas que nul ne se préoccupe du problème.

Selon lui, vu les coûts de l’échec scolaire, il est nécessaire et urgent de prendre des mesures plus énergétiques de démocratisation. En d’autre terme, puisque la volonté politique n’entraine pas de reformes conséquentes, il est temps de proposer des réponses pédagogique à l’échec scolaire.